jeudi 28 avril 2016

LOVE ME TONIGHT – Aimez-moi ce soir


Titre français : Aimez-moi ce soir
Réalisation : Rouben Mamoulian
Genre : Comédie musicale
Date de sortie : 13 août 1932 (USA)
Société de production : Paramount
Scénario : S. Hoffenstein, G. Marion Jr. et W. Young, d’après la pièce de L. Marchand et P. Armont
Photographie : Victor Milner
Durée : 104 min
Casting :               
Maurice Chevalier : Maurice / Baron Courtelin
Jeanette MacDonald : Princesse Jeanette
Charlie Ruggles : Vicomte Gilbert de Varèze
Charles Butterworth : Comte de Savignac
Myrna Loy : Comtesse Valentine
C. Aubrey Smith : Duc d'Artelines


L’HISTOIRE

Maurice, un tailleur parisien, se fait passer pour un baron de haute naissance dans l’espoir d’être payé pour ses services par un aristocrate dépensier, et pour plaire à la jolie Jeanette, une princesse qu’il vient de rencontrer.


L’AVIS DU GÉNÉRAL YEN

Love Me Tonight est probablement la meilleure comédie musicale que j’ai pu voir jusqu’à présent. Tout y est bon, du travail des acteurs à celui du réalisateur, chaque élément de la chaîne apporte sa part d’originalité pour surprendre et ravir le spectateur. Pour 1932, ce film est clairement en avance sur son temps.


Il faut dire que, en ce qui concerne le réalisateur, Rouben Mamoulian, il n’y a là rien de surprenant quand on y repense : on lui doit le Dr. Jekyll and Mr. Hyde de 1931 et le Queen Christina de 1933, deux merveilles de réalisation pour l’époque. Love Me Tonight est un film techniquement splendide parce qu’il regorge de trouvailles dans sa mise en scène, toutes plus géniales les unes que les autres, toutes apportant leur pierre à l’édifice imaginé par Mamoulian. La brillante scène d’ouverture le matérialise mieux que quiconque : on est happé dans le vieux Paris populaire qui s’éveille, chaque son, chaque bruit s’ajoutant à l’autre pour former une mélodie, puis conduire à un Maurice Chevalier qui commence à fredonner une chanson. Le rythme rapide et d’une grande fluidité des scènes maîtresses tient en haleine et ajoute au comique des passages les plus drôles.

Pour un film musical, Love Me Tonight ne tombe pas dans l’excès et n’abuse pas de chansons. Celles-ci paraissent toutes étroitement liées au scénario et sont utiles à l’histoire. Ainsi en est-il d’un des chefs d’œuvre du film, la séquence « Isn’t It Romantic? », qui voit une chanson être transmise de proche en proche, jusqu’à relier entre eux deux personnages et deux mondes diamétralement différents. Par ailleurs, on est ici sur le mode de l’opérette, ce qui signifie que les chansons présentent un effet comique, voire absurde, totalement assumé, et en particulier par un Maurice Chevalier plus guilleret que jamais.



Maurice Chevalier domine d’ailleurs la distribution : il semble comme emporté dans un délire constant parfaitement à propos, bien aidé par un accent français comique au possible, qu’il ne fait d’ailleurs aucun effort pour cacher. Chevalier est dans son élément, et ça se voit : « french lover » assumé, il s’amuse dans toutes ses scènes, chante (presque) faux, mais en faisant rire et en donnant du contenu (« I’m an Apache »). Les passages chantés de Chevalier apportent certainement bien plus que ceux de Jeanette MacDonald, qui reste trop souvent sur un mode opératique, qui sied bien à la cantatrice qu’elle est, mais pas au film.

Sans donner la meilleure prestation de sa carrière, Jeanette MacDonald est cela dit parfaite dans un rôle aristocratique fait pour elle. Probablement l’une des plus douées des actrices de comédie de l’Âge d’or, elle a le don de rendre une scène pleine de légèreté et de finesse à la fois. Elle dégage aussi une excellente alchimie comique avec Chevalier, et par son jeu parvient à le mettre en valeur. Chevalier ne serait pas aussi remarquable sans elle. Un peu en retrait au début (à cause du scénario), Jeanette s’affirme au fil du film jusqu’à imposer sa marque et son charme irrésistible sur la fin (la scène de l’essayage en particulier).


L’humour du film est aussi magistralement porté par une galerie d’acteurs secondaires au jeu d’une richesse infinie. Et en tête de cette jolie troupe l’on retrouve une jeune Myrna Loy épatante, dans un délicieux rôle de comtesse littéralement en manque d’hommes beaux et fringants. Elle offre de loin la meilleure prestation humoristique du film. C'est dire. Je ne suis pas objectif puisque j’adore cette actrice, mais il faut le reconnaître, elle est vraiment fabuleuse. Pour le reste, je ne vais pas m’attarder sur chacun, quoiqu’ils soient tous excellents. Néanmoins, mention spéciale à un cheval, Solitude, qui m’a fait attraper un fou rire. La scène dans laquelle il apparaît offre d’ailleurs plusieurs minutes d’un humour au génie inégalé. Chevalier y a rarement été aussi drôle.

NOTE : 9/10. Ce film est génial. Pour monter plus haut il me manquerait juste une intrigue de fond plus élaborée. Difficile pour une telle comédie, qui y perdrait en légèreté.

2 commentaires:

  1. J'ai adoré le film la première fois, je lui trouve à présent quelques longueurs (l'ouverture parisienne dure un poil trop longtemps à mon goût), mais il y a tellement de coups de génie que ça reste un plaisir constant. En vrac, j'adore par-dessus tout: la création époustouflante d'Isn't It Romantic?, "The doctor's eyes are satisfied", les petits bonds légers du cerf dans la campagne, la grimace de Jeanette lorsqu'elle dit: "It's too perfect!", la bataille contre le train, et pour conclure je suis également d'accord pour trouver que Myrna Loy vole la vedette à sa partenaire de premier plan (pour 1932, je nomme Myrna en second rôle pour ce film et Jeanette en premier pour le Lubitsch). Il m'est plus difficile de m'enthousiasmer pour Maurice Chevalier en général, mais je garde un bon souvenir de sa performance ici.

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    Réponses
    1. Chevalier me fait rire. Donc même s'il m'arrive de le trouver ridicule (!), c'est généralement un plaisir de le voir.
      Et dommage que Myrna n'apparaisse pas plus.
      J'ai du mal à trouver des longueurs au film, vu qu'il y a tellement de scènes mythiques. Peut-être que certaines chansons gagneraient à être plus courtes.

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